Publié le : 26 October, 2017 à 20 h 18 min
Madame Nikki Haley,
Nous, représentants de 129 organisations de défense des Droits de l’Homme et mouvements citoyens en République Démocratique du Congo (RDC), saluons votre arrivée à Kinshasa. Nous vous remercions pour votre engagement et intérêt que vous portez pour le règlement de la crise politique et la protection des droits humains en RDC.
Nous avons suivi avec attention votre déclaration déplorant l’élection de la RDC au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies étant donné que le régime à Kinshasa est responsable de multiples violations des droits humains dont, la répression politique, des violences faites aux femmes et aux enfants, les arrestations et détentions arbitraires, les homicides et disparitions illégales.
En effet, alors que le pays tendait vers un processus démocratique devant permettre aux citoyens congolais notamment d’élire un nouveau président en décembre 2016 conformément à la Constitution, le président Joseph Kabila a usé de tous les moyens politiques y compris l’usage excessif de la force, une année avant la date fatidique, pour faire taire toute voix qui réclamerait le respect de la Constitution. C’est ainsi que depuis janvier 2015, des centaines de congolais sont tués, d’autres arrêtés arbitrairement, détenus au secret ou jugés sur base des d’accusations factices, pour avoir manifesté pacifiquement contre la modification de la loi électorale subordonnant les élections au recensement, appelé la CENI à publier le calendrier ou s’être opposer au troisième mandat du président Kabila.
Le régime Kabila est à la base des foyers de tensions à travers le pays et une crise humanitaire sans pareille. À titre d’illustration, 80 fosses communes sont dénombrées au Kasaï, près de 2000 morts et plusieurs disparues à Béni (Nord-Kivu), 500 000 de déplacées internes dans province de Tanganyika à cause du conflit entre pygmées et bantous, etc. Le pays risque de vivre d’autres conflits similaires dans d’autres parties du pays aux conséquences plus graves pour la population tant que Kabila restera au pouvoir.
L’Accord politique du 31/12/2017 qui prescrit l’organisation d’élections d’ici fin décembre n’est pas mis en application. Les mesures de décrispation préconisant notamment la libération des prisonniers politiques et l’ouverture des médias proches de l’opposition fermés, ne sont pas aussi appliquées par le Président Joseph Kabila et son gouvernement. Ils ont usé de tous les moyens afin de retarder le processus électoral et de poursuivre la répression politique à travers le pays.
Madame Haley, alors que la population congolaise aspire à une alternance pacifique, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a récemment déclaré que les élections ne pourront se tenir que dans les 504 jours suivant la fin de l’enrôlement des congolais de la diaspora. Cela démontre qu’ils ne veulent pas organiser des élections avant 2020, car dans la stratégie du Président Joseph Kabila et ses partisans y compris la CENI, il faut allonger au maximum le délai en vue de préparer le terrain à un referendum. Dans cette perspective, ils sont en train de préparer l’adoption d’une loi réduisant le quorum de décision de la Cour Constitutionnelle et une autre pour contrôler les défenseurs des droits de l’homme. Entre temps, des rapports publiés sur l’enrôlement des électeurs en cours démontrent une fraude de grande envergure qui mettrait en doute le fichier électoral en cours de préparation. De l’autre côté, plusieurs voix s’élèvent au sein du parti au pouvoir afin de réclamer un referendum qui pourrait permettre au président Kabila de se maintenir au pouvoir ou de briguer un troisième mandat.
Nous, activistes des droits humains et des mouvements citoyens, pensons que tout ceci, y compris le refus de respecter l’accord de la Saint-Sylvestre, constitue des manœuvres dilatoires pour maintenir le président Kabila au pouvoir.
Afin de remédier à la mauvaise foi du Président Joseph Kabila et ses partisans, qui utilisent la CENI comme moyen pour arriver à leur fin, la société civile congolaise a proposé en aout dernier une transition citoyenne pouvant permettre l’organisation crédible des élections, dirigée par une personnalité indépendante qui ne se présentera pas lui-même comme candidat.
Nous condamnons le fait que le Gouvernement puisse utiliser les forces de défense et sécurité comme une milice pour s’attaquer contre les opposants et les acteurs de la société civile notamment les 18 octobre à Kinshasa, 21 octobre à Mbandaka, et 22, 23, 24 et 25 octobre à Lubumbashi. Au cours de cette période, la police a fait usage excessif de la force contre les activistes de la société civile et membres de l’opposition, et particulièrement à Lubumbashi où elle a même saccagé le bureau de l’UDPS, et a procédé à de nombreuses arrestations de ses membres qui s’y étaient réunis et par la suite a empêché, avec violence, le leader du Rassemblement Felix Tshisekedi de se réunir avec ses militants.
Nos organisations, demandent aux partenaires internationaux y compris le gouvernement américain, l’Union Européenne et la MONUSCO de retirer leur soutien à ce régime et à l’actuelle équipe dirigeante de la CENI qui n’a pas l’intention d’assurer la tenue d’élections crédibles ; et de ne plus considérer le Président Joseph Kabila et son gouvernement comme « Autorité légitime » pouvant représenter et engager la RDC et son peuple à compter de la fin du mois de décembre 2017.
Madame Haley, nous sommes arrivés à un moment crucial de l’histoire de notre pays : s’il n’y a aucune pression suivie d’actes palpables sur le président Kabila et son entourage politique, le peuple congolais ne pourrait espérer à un chemin vers la paix et la justice. En revanche, la RD Congo va continuer à accumuler les souffrances et les maux de tout genre.
Pour conclure, nous vous remercions profondément de l’attention particulière que vous voudrez bien réserver à nos recommandations et restons disposés à fournir tout autre renseignement nécessaire.
Veuillez agréer, Madame Nikki Haley, l’assurance de notre profonde considération.
Fait à Kinshasa, le 26 octobre 2017
Pour de plus amples informations, veuillez contacter :
Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ)
Tél : +243814043641
Email : kapiambag2@gamil.com
Protection Enfants Sida (PES)
Tél. +24381677757
Email : leokandolo@gmail.com
Président du Conseil d’Administration de la Ligue des Electeurs (LE)
Tél : +33605865039
Email : pmukulu@yahoo.fr
Les Amis de Nelson Mandela pour les Amis de Nelson Mandela pour la Défense des Droits Humains (ANMDH)
Tél : +243818910816
Email : anmdhcongo@gmail.com
La Voix des Sans Voix (VSV)
Tél. +243995814266
Email : vsv_ongdh@yahoo.fr
Cercle National de Réflexion sur la Jeunesse (CNRJ-RDC)
Tel. +243994558187
Email : bumijclaude2@yahoo.fr
Convention pour le Respect des Droits de l’Homme (CRDH)
Tél: +243 81 65 43 533
Email: ngahangondijp@gmail.com
Justicia Asbl
Tel. +243818050488
Email : justicia.asbl@gmail.com
Action contre l’Impunité pour les Droits Humains (ACIDH)
Tel. +243 823525459
Email :mmkeleku@yahoo.fr
Réseau des Femmes pour les Droits des Enfants et des Femmes (REFEDEF)
Tél: +243813649410
Email: jasminekatshunga@gmail.com
Association Congolaise de Droits de l’Homme (ACDHO)
Tél: +243 998 347 201,
Email: acdhom@gmail.com
Pour les organisations signataires :